La classe de 3ème A, la classe des fous !
année 1973 / 1974
21 élèves
chefs de classe : Rodriguez et Carmela (provisoires étant Decand et Jourdain)
Directrice : Mme Marcaillou
Professeurs :
M. Dalle : prof principal, histoire, géo, instruction civique
M. Boudjéna : maths
Mme Shakoury : Allemand
Mme Lacoste : Anglais (Melle Ferréol est partie)
Melle Villain : techno et sciences
Mme Vasseur : couture
Mme Bulot : dessin
M. Sévenou : gym
Mme Gougeon : musique
Notre emploi du temps :
LA RENTREE en septembre :
Dès le premier jour, c'est déjà la foire et le chahut ; les profs disent "hé bien, ça promet !"
De plus, on nous a installé dans l'un des deux préfabriqués du fond de la cour... (il n'y avait plus de salle de libre dans l'école) On se trouve donc un peu isolés des autres classes, on est bien tranquille et de là, on voit toute la cour.
En musique, la prof constitue des groupes d'élèves pour faire des exposés. Seul, Pagandet n'a pas encore trouvé de place dans un groupe. La prof demande : "Qui veut prendre Pagandet dans son groupe ?"
Pas de réponse. La prof répète sa question, alors tout le monde répond : "Non, non, on est complet..."
Gêné, le pauvre Pagandet devient tout rouge et se balance bêtement sur sa chaise, tellement que la chaise bascule et il se retrouve par terre.
Tout le monde rigole et il devient encore plus rouge.
Moudenc lui demande : "Pourquoi t'es rouge comme ça, Pagandet ?"
"Mais non, voyons, c'est le reflet de son pull", répond Jourdain.
Nouvelle expression de la classe : les garçons traitent tout le monde de "mongols"...
En Anglais, c'est la foire complète ; dans le coin des chahuteurs, les gars rigolent comme des fous. Pourquoi ? Parce que Jourdain s'amuse à faire pointer une mèche de cheveux au sommet du crâne de Dermarkarian avec un crayon, et ça lui fait une corne !
Les profs sont toujours en train de chercher la clé qui ouvre notre classe et la salle voisine.
Un jour, juste avant le cours d'Allemand, on prend la clé et on décide de s'enfermer dans la classe pour que la prof ne puisse pas entrer... La porte est donc fermée, la clé cachée dans le bureau lorsqu'on s'aperçoit que Moudenc et Chauvin sont restés dehors. Zut, pas le temps d'ouvrir ! Alors on les aide à passer par les fenêtres ! Facile pour Moudenc, grand et agile, un peu plus difficile pour Chauvin petit et rondouillard...
La prof arrive un peu plus tard, et comme on dit qu'on a perdu la clé, elle se décide à aller chercher un double au bureau du Directeur.
La prof de dessin s'est vite fait une opinion de notre classe : Lorsque les garçons lui ont demandé si elle n'était pas Mongole, par hasard, elle s'est exclamée :
"Mais c'est une classe de FOUS, ici ?"
et tout le monde a hurlé : "OUI !"
En couture, la prof nous dicte un résumé si lentement que l'on lève la tête entre chaque mot. N'y tenant plus, Odile s'écrie : "On s'endort Madame, vous savez..."
Pendant l'inter-classe, Harribey s'amuse à sauter de table en table et au fur et à mesure qu'il saute, Chauvin renverse les tables derrière lui. Soudain, vacarme assourdissant : Harribey a mal calculé son coup et vient de s'effondrer parmi les tables et les chaises.
Début OCTOBRE
La pendule de notre classe avance d'un quart d'heure ; pointilleux, le prof de français la remet à l'heure. Le lendemain, Decand l'avance de 10 minutes.
Moudenc est déchaîné cette année ; il n'arrête pas de faire l'idiot et de dire des bêtises. Il sort des trucs comme "bien vu l'aveugle !" ou "t'es sourd ? et bien moi j'suis muet, on va bien s'entendre !"
Chauvin a renversé la mallette à Pagandet pour le taquiner. Toutes ses affaires sont éparpillées par terre. Il les range soigneusement, et 5 minutes plus tard, c'est Harribey qui la renverse encore une fois...
Pendant la récréation du midi, les gars des deux 3ème se sont jetés sur Harribey et l'ont enfermé dans le cagibi aux poubelles, situé sous l'escalier de la salle de couture. Ensuite, ils ont pris Sylvie Brun pour l'enfermer avec. A chaque fois qu'ils essayaient de sortir, les gars leur crachaient dessus depuis le haut de l'escalier...
Sylvie réussit à s'enfuir.
Puis les gars se sont dirigés vers notre petit groupe et ont pris Françoise Pluvinage.
A la sonnerie de fin de récré, ils les ont laissé sortir.
Le cours d'Anglais se déroule toujours dans un chahut monstre ; la dernière mode est de passer les cartables, les trousses ou les vêtements par la fenêtre. (Heureusement que la salle est au rez-de-chaussée)
Le sac d'Harribey vient de passer de mains en mains et arrive jusqu'à Moudenc. Pour rigoler, celui-ci demande : "J'le passe par la fenêtre ?
- T'es pas chiche" , répond Kéravec
Aussitôt, Moudenc lance le sac qui va s'écraser dans la cour. Peu après, une trousse prend la même destination. Pendant ce temps, Kéravec et Tagliabue (appelé Tata) jouent au foot avec une balle de tennis, dans le fond de la classe.
A la fin, pour faire enrager Kéké, un gars lui a pris sa balle et l'a jetée par la fenêtre...
En maths, Tagliabue n'écoute pas. Le prof s'approche de lui, passe la main dans ses cheveux frisés et la secoue comme s'il y avait des poux !
On apprend que le prénom de notre prof d'Allemand est Louisette. Juste avant le cours, on écrit en gros au tableau : BONJOUR LOUISETTE
La prof arrive et elle ne comprend pas pourquoi tout le monde pousse de petits gloussements. Lorsqu'elle ouvre le tableau et voit l'inscription, elle dit simplement :
"C'est très gentil, merci. Vous voyez, en effet, j'ai un prénom comme tout le monde, et il n'y a pas de quoi rigoler comme ça."
Comme la prof d'Allemand n'aime pas entendre des gros mots pendant son cours, un gars a inscrit sur le tableau :
DEFENSE ABSOLUE DE DIRE DES GROS MOTS
La prof a été très heureuse de cette initiative. Mais le lendemain, une main anonyme avait modifié la phrase en
AUTORISATION ABSOLUE...
En maths, Kéravec a eu le malheur d'oublier son cahier une fois de plus. Boudjéna est en colère : "Regardez-moi celui-là !" , dit-il en désignant Kéké qui sourit, "et il est co. ntent, il rigole ! Regardez le beau cahier qu'il a devant lui !" (rires) "Allez, levez-vous, LEVEZ-VOUS !"
Kéké se lève et ne sourit plus. Boubou reprend : "Je peux très bien vous renvoyer chez vous pendant 15 jours, vous ferez le ménage ; y a beaucoup de moutons chez vous, sous les lits ?"
Kéké rigole bêtement et ne répond pas.
"Et ça le fait rire ! Je vous demande s'il y a beaucoup de moutons chez vous. Répondez !
- Oui (rires dans la classe)
- OUI ? Il y a de quoi vous occuper pendant 15 jours ?
- Oui, répond encore Kéké
- Et bien ça prouve qu'il y a longtemps que vous n'avez pas fait le ménage. Ca doit être propre, chez vous..."
(Plus tard, on a expliqué à Kéké ce qu'étaient des moutons...)
En se bagarrant, les garçons ont fait un trou dans le mur (cloison préfabriquée).
Lundi 15 octobre. Le matin, Odile se fait renvoyer du cours de maths par Boubou.
Puis, en techno, c'est Dermarkarian qui est mis à la porte.
Enfin, l'après-midi, la prof d'Allemand renvoie Decand.
A la fin de la journée, notre nouvelle Directrice est venue nous faire un petit discours sur la morale et la discipline...
...
Le lendemain, on attendait tranquillement notre prof de dessin dans la cour. Pour passer le temps quelques gars regardent par la fenêtre de la classe voisine qui est en cours de musique, et puis ils commencent à crier le nom de leur copain : "ALDO, ALDO, ALDO, ALDO..." Leurs hurlements résonnent dans le silence de la cour.
Soudain la Directrice sort en trombe d'une autre classe, elle nous fait mettre immédiatement en rang, puis on rentre en classe et elle nous donne une conjugaison pour nous punir et nous occuper. Elle déclare que nous sommes malades, complètement fous, que ce n'était pas la peine de discuter avec nous hier pendant une demi-heure, etc.
Il y avait longtemps que les garçons n'avaient pas parlé de Mongols. Un gars le fait remarquer, et aussitôt, Moudenc monte sur sa chaise et se met à chanter "et viva Mongolia" sur l'air de Viva Espana !
Chahut habituel en Anglais. Dans le fond de la classe, Kéravec et Tagliabue jouent à se bagarrer avec leurs règles en plastique. Kéké a pris celle de Tata, et Tata celle de Kéké ! Tata frappe sur sa table avec la règle qui s'écaille un peu ; furieux, Kéké en fait autant avec celle de Tata. Alors, Tata casse en deux la règle de Kéké, qui à son tour casse aussi celle de Tata ! Ils sont maintenant à égalité. Ils s'amusent alors à les réduire en morceaux et lancer les bouts à travers la classe.
Puis, n'ayant plus rien à casser, il récupèrent tous les morceaux à quatre patte sous les tables et se mettent à reconstituer les règles comme un puzzle !
En musique, Jourdain qui était au premier rang, avait avancé un peu sa table, on ne sait pas pourquoi. Un peu plus tard, en se balançant sur sa chaise comme d'habitude, il tombe en arrière avec fracas : en se relevant et en frottant sa nuque, il explique : "Ben je croyais qu'il y avait une table derrière !"
Cours de technologie, chahut général : Moudenc a passé son tendeur de vélo autour de sa table ; en tirant, la table bascule doucement vers lui lorsqu'il dit : "Esprit, es-tu là ?"
L'après-midi, pour s'amuser, Moudenc avait emprunté le châle d'une fille de 3èmeB, il l'avait accroché à la fenêtre à côté de lui, et en saisissant les franges du châle, il disait : "Je te tiens, tu me tiens par la barbichette..."
En maths, Boudjéna nous demande comment s'appelle un certain genre de bipoint. Comme personne ne trouve, il s'exclame : "Vous devriez savoir, pourtant, c'est votre nom !"
On se regarde, intrigués, puis on s'écrie tous ensemble "NUL !"
"C'est bien, fait le prof, vous vous reconnaissez."
Bien que nous ne soyons encore qu'à la mi-octobre, Moudenc se met à faire des poissons d'avril en papier. Peu à peu, autour de lui tout le monde est au courant.
Il décide d'en mettre un dans le dos de Tata qui ne se doute de rien.
Moudenc se lève, s'approche de Tata, se penche vers lui tout en lui appliquant une tape dans le dos et demande : "Heu... t'aurais pas un machin, un truc... heu... non ? bon, tant pis..." Satisfait, n'attendant pas la réponse il retourne à sa place, en laissant Tata tout ahuri qui a bien gardé son poisson collé toute la matinée...
Dermarkarian est enrhumé, bien enrhumé. Il commence à se moucher, il se mouche, il se mouche très fort, tellement fort qu'on a du mal à entendre parler le prof. En plus, il fait un horrible bruit de trompette ! On se retourne vers lui en riant.
Il s'exclame : "Ben quoi ? Faut bien que je me mouche, ça veut pas sortir !"
Comme il reprend de plus belle, le prof l'envoie se moucher dans la salle d'à côté qui est vide. Au moment où Dermarkarian sort, le prof lui crie : "Et ferme bien la porte !"
Le prof de techno est en train d'expliquer à une fille le système des poulies ; "c'est comme sur un vélo", dit le prof.
Brisset demande : "Si vous voulez, je vais chercher mon vélo ?
- Mais oui, s'il vous plaît, bonne idée !" répond le prof.
Et sous les regards ahuris des élèves de l'autre classe, Brisset rentre dans notre salle son vélo à la main.
Un après-midi, en attendant la prof d'Anglais, Moudenc et quelques copains décident d'aller explorer le cagibi aux poubelles qui se trouve près de la classe, sous l'escalier de la salle de couture.
Ils y sont déjà depuis un bon moment lorsqu'on voit la prof qui arrive au loin.
Alors, Chauvin se précipite avec une planche et coince la porte du cagibi avant que les autres n'aient eu le temps de sortir. On les entend qui tambourinent à la porte en hurlant qu'ils veulent sortir...
Voyant cela, la prof ordonne à Chauvin de les libérer ; déçu, Chauvin essaie de retirer la planche, mais elle est bien coincée...
La prof s'énerve : "Cessez de jouer les malins et ouvrez-moi cette porte en vitesse :
- On voudrait bien, mais on peut pas !"
Malgré nos efforts, impossible d'ouvrir...
A l'intérieur, Moudenc et ses copains hurlent qu'ils en ont marre, qu'ils veulent sortir de là... que Chauvin est un sale con...
La prof part chercher la Directrice.
Lorsque celle-ci revient, les gars ont réussi à se libérer à force de ruer contre la porte.
La Directrice n'est pas contente :
"Vous êtes complètement fous dans cette classe ; on a beaucoup moins de problèmes avec la 3ème B. Quelle idée d'aller se fourrer là-dedans... on ne peut pas vous faire confiance... J'en ai MARRE de cette classe !..."
Sa voix était tellement aiguë que Tata commence à rigoler doucement au fond de la classe ; mais la dirlo le voit :
"Et ça te fait rire, toi ? Une heure de colle !
- C'est pas pour ça que je riais, se défend Tata
- Et une heure de plus pour t'apprendre à répondre !"
Enfin, la Directrice s'en va entraînant le pauvre Tata.
La prof se tourne vers nous et nous dit en souriant : "En tout cas, vous êtes vraiment malades, ça ne doit pas sentir bon, là-dedans !"
En musique, pendant que la prof passe une symphonie de Beethoven, Moudenc s'est mis à mâcher de l'ail et à roter ! L'odeur s'est propagée peu à peu à toute la rangée, puis à la classe entière, au point qu'il a fallu ouvrir les fenêtres et la porte !
Cela sentait tellement mauvais qu'on se levait pour aller respirer un coup aux fenêtres avant de regagner sa place.
Au milieu de tout ce remue-méninges, Moudenc nous a regardé d'un air étonné et a dit :
"C'est bizarre, je ne sens rien, moi ! Y a que moi qui sent pas !"
La prof a arrêté le disque et a voulu nous donner un devoir écrit. Les gars ont protesté en disant que s'ils n'écoutaient pas, c'est parce qu'ils n'aimaient que la "pop music".
"C'est parce que vous n'écoutez pas dans le calme" a expliqué la prof.
"Oh, vous savez, fait Moudenc, chez moi j'ai un disque de Vivaldi, j'ai beau l'écouter plusieurs fois, je trouve ça toujours aussi con !"
Un serrurier est en train de réparer la porte du cagibi aux poubelles ; désormais, il y a une belle serrure avec une clé ! On ne pourra plus y rentrer...
Kéké est en train de traduire un texte d'allemand avec hésitation : "Heu... au bout des bras.... heu... il y a ....heu...."
"LES PIEDS !" souffle Chauvin
Le prof de math traverse la cour à grandes enjambées pour venir dans notre classe.
Son visage est crispé, ses traits sont tendus car il vient de piquer une crise de colère après la 3ème B.
Silence total dans la classe, personne ne bouge, on n'ose à peine respirer, chacun se sent mal à l'aise.
Moudenc chuchote à son voisin : "Haaa ! Quand Boudjéna arrive, il apporte le soleil, le bonheur et la joie de son pays !!!"
Question de géographie : Lorsque le cognac n'est pas d'excellente qualité, qu'est-ce qu'on en fait ?
Réponse d'Harribey, très sérieusement : "Du vinaigre ?"
(Au fait, c'est quoi, la bonne réponse ?)
Le prof de Français nous explique ce qu'on appelle rimes pauvres dans une poésie.
Dermarkarian cherche à comprendre : "Par exemple, si ça se termine par "an", on dit "sanglant, poil aux dents !"
"Et si ça se termine par "u"? Demande Rodriguez
Un matin, on s'aperçoit que Chauvin est absent. Quelques remarques fusent : "OUAIS ! Hourra.... tant mieux... on sera tranquille."
Cinq minutes plus tard, on frappe ; Chauvin entre.
Une lamentation de désespoir s'élève : "Hoooooooo...."
Pendant le cours d'Anglais, une fille de 5ème entre, au milieu des sifflements et des cris des garçons. Rodriguez s'écrie : "Et bien quoi ? Vous n'avez jamais vu un monstre ?"
Réflexion de la prof de musique : "Vous n'êtes qu'une bande de petits fous !"
Au bout d'un quart d'heure de cours, on s'aperçoit que Decand est resté tranquillement dehors, à jouer avec ses copains de 3ème B
La prof a remarqué aussi mais ne dit rien.
Peu après, la récré des 3ème B est terminée, Decand frappe un coup à la porte, entre aussitôt, et très décontracté lance à la prof "B'jour M'dame !"
La prof se place devant lui et répond d'un ton posé : "Bonjour monsieur !"
Jeudi 22 novembre ; en rentrant dans notre classe, on voit que la moitié des posters ont été volés. Tout le monde est énervé ; les gars jouent au foot contre les carreaux, et de temps en temps on se met à pousser des cris stridents...
En Anglais, Moudenc a pris son gant, l'a rempli de papier et l'a attaché au bout de sa grande règle. Avec cette fausse main, il s'amuse à chatouiller les filles qui sont devant lui...
A propos de la coopérative, Chauvin déclare que ça sert à engraisser les profs !
Ce matin, nous venons d'avoir couture et les garçons sont encore dans leur classe d'atelier. On en profite pour retirer quelques chaises de la classe et les cacher dans la salle voisine.
On s'installe vite, et les garçons arrivent par petits groupes en s'empressant de prendre chacun une chaise. Kéravec arrive parmi les derniers ; il s'aperçoit qu'il n'a pas de chaise alors il va prendre celle d'Harribey. Harribey n'est pas d'accord, il lui demande de lui rendre sa chaise immédiatement. Kéké refuse et s'assoit tranquillement avec un petit sourire.
Harribey passe derrière lui, soulève les deux pieds arrière de la chaise et fait tomber Kéké par terre !
Kéké se relève, furieux et commence à se battre avec Harribey.
Brisset vient s'interposer pour essayer de les calmer, mais en essayant de les séparer, il se prend un coup de poing de Kéké. Brisset n'est pas content, il coince Kéké contre le mur et lui donne une correction.
Un gars hurle : "Laisse-le donc, Brisset, t'es aussi con que lui !"
Dans leur lutte, deux posters sont arrachés du mur.
Cela devait faire un vacarme terrible, car la porte de communication entre les deux salles s'ouvre et on voit apparaître un jeune barbu, un nouveau prof de sciences dans l'école.
Il empoigne Tagliabue avec force et nous demande quel prof on attend.
On répond "la prof d'Allemand"
"BON !" Fait le barbu qui regagne sa classe en entraînant le pauvre Tata qui n'avait rien fait.
Le calme revient peu à peu, lorsque soudain Kéké porte la main à son oeil et se met à hurler ; stupeur générale, on le regarde, inquiets. Harribey explique : "C'est rien, c'est parce que je lui ai mis le doigt dans l'oeil !"
La prof arrive. On s'assoit tous, sauf Kéké qui n'a toujours pas de chaise et qui continue à pleurer en tenant son oeil !
Une élève part chercher une chaise.
"Décidément, fait la prof, on ne peut pas vous laisser seuls 5 minutes sans qu'il y ait une bagarre.
- C'est de la faute à Kéravec, Madame, s'écrie Harribey
- NON ! c'est pas moi ! C'est Harribey qui voulait me prendre ma chaise !
- Fallait pas me la piquer d'abord !
- CA SUFFIT ! crie la prof, si vous aviez eu un accident, j'aurais été responsable."
On regarde l'oeil de Kéké ; il a toujours la main devant son oeil et pleure toujours.
Un gars laisse échapper : "Un vrai gosse !"
Aussitôt, Kéké bondit, saisit son cartable et dit entre deux sanglots :
"OUAIS, sniff... et bien, sniff.... je vais aller ... sniff... au bureau... snifff... de la Directrice.. . et puis.. sniff... ils vont me renvoyer... sniff... et puis alors... sniff.... je serai tranquille... sniff...! "
Il se dirige vers la porte, l'ouvre et s'en va.
La prof le rattrape et réussit à le ramener. On s'empresse de lui offrir une chaise.
Il se calme peu à peu et au bout d'une demi-heure, il demande à Harribey s'il veut bien jouer au foot avec lui à la récré...
Même jour, cours suivant.
La secrétaire vient nous tenir à peu près ce discours : "J'ai encore à me plaindre de vous ; je préfèrerais vous faire des compliments, mais le nouveau professeur de sciences (c'est le fameux barbu) est venu me dire tout à l'heure qu'il régnait dans cette 3ème A un chahut épouvantable qui gênait son cours. Il a même pris un élève parmi ceux qui se bagarraient..."
Pendant son discours, nous restons debout. Apère se tient dans une attitude un peu désinvolte, les mains sur ses hanches.
"Tenez-vous mieux, Apère, vous êtes fatigué ? Serrez les jambes !"
Apère pousse un soupir et serre les jambes.
"Et ne soupirez pas ! Enlevez vos mains de vos hanches !"
Il met ses mains derrière son dos et dit : "On n'est pas dans une caserne, ici ?"
"Bon asseyez-vous" dit la secrétaire
Apère allonge ses jambes et met ses mains sous la table.
"Tenez-vous droit, et mettez vos mains sur la table !"
Apère se redresse, lève la tête, pince du bec, pose ses mains bien à plat. Toute la classe rigole.
La secrétaire achève sa leçon de morale puis s'en va.
Jourdain se retourne vers ses copains et leur dit : "Compris ? Lundi tous les gars en cravate !"
A cette perspective, on éclate de rire.
Pendant le reste du cours, les garçons finissent de mettre au point leur tenue : "Faudra pas se dégonfler, hein.... tu peux mettre un pull par-dessus, et quand tu arrives à l'école tu l'enlèves ; tes parents verront rien.... Qui peut prêter une cravate pour Decand ?... etc."
Vivement lundi...
Voilà ! ça y est ! Presque tous les gars sont en cravate.
Brisset est vraiment magnifique : chemise d'une blancheur éclatante (sûrement lavée aux enzymes gloutons), belle cravate noire, et comble de raffinement, de luxueux boutons de manchettes "empruntés" à son père.
Nous guettons la réaction des profs.
Malheureusement, ils paraissent ne rien remarquer.
On commence à être déçus, lorsque la prof d'Allemand qui interroge Brisset s'exclame : "Qu'est-ce que c'est que cette cravate ?
- Pourquoi ? Elle est pas belle, ma cravate ? demande Brisset
- Si ! mais c'est démodé ! On ne porte presque plus de cravate, maintenant !"
Quand Moudenc se lève à son tour, c'est un énorme éclat de rire qui secoue toute la classe et même la prof :
Il porte un vieux pull gris à col roulé, tout difforme, par-dessus il a enfilé une chemise forme liquette, rayée verte et blanche dont les manches trop courtes laissent entrevoir les bouts effilochés du pull gris. Et par-dessus cet accoutrement, une petite cravate grise toute minable et mal nouée pend lamentablement... Fier comme un pou, il va au tableau sous les rires de la classe.
Techno : tous les élèves de la première rangée se précipitent d'un bond jusqu'à la fenêtre. Motif : quelqu'un vient de péter.
Après-midi : lors d'une bagarre entre Tata et Harribey, ce dernier lui envoie un coup de poing dans la figure. Tata se met à saigner du nez, va à l'infirmerie et rentre chez lui.
Interrogation écrite d'Anglais.
Question : quelles sont les différentes parties d'une librairie ?
Decand me montre sa feuille ; en bas de la liste, il a ajouté "the wc !"
Aujourd'hui, toujours pas de Tagliabue
Le prof de maths s'étonne de son absence et demande des explications. Harribey lui raconte qu'il lui a mis un coup de poing.
"Et pourquoi demande Boubou, on ne doit pas battre son petit camarade...
- Mais m'sieur, il m'avait donné un coup de pied dans la fesse !
- Et bien il fallait lui présenter l'autre fesse et il vous aurait donné un autre coup de pied !"
Foire totale en dessin.
Chauvin a fabriqué une petite tombe en papier avec cette inscription : "ci gît M. Boudjéna"
En tirant sur une languette, le squelette du prof se dresse par une fente de la tombe...
Interro de musique sur Schubert. Un gars de 4ème entre en classe avec le cahier d'appel pour relever les présents ; il est tout petit, mais gros et gras.
Jourdain s'écrie : "Ohhh ! le beau petit bébé à sa mémère !"
Toute la classe rigole de bon coeur.
"Taisez-vous, crie Decand, j'arrive pas à me concentrer...
- T'as qu'à faire comme la tomate" répond Harribey
Ce n'était pas vraiment drôle, on accueille cette réplique avec des hou hou... d'indignation, et puis soudain, sans savoir pourquoi, tout le monde éclate d'un rire nerveux...
Pour la première fois, le cours d'Anglais se déroule dans le silence : on prépare une anti-sèche de musique pour le cours suivant.
Au bout d'une demi-heure, la foire reprend ; une belle bataille de craies s'engage. Pour se protéger, Decand a fait un paravent avec ses livres et ses cahiers.
Cela énerve la prof d'Anglais : "Decand, retirez-moi tout ce qui est sur votre table.
- Oh, non, Madame, ils vont me tirer dessus !"
La prof s'approche de Decand, fait tomber tout son échafaudage d'un revers de main et retourne à son bureau.
Aussitôt, Decand est bombardé de craies. On l'entend hurler :
"MADAME, c'est votre faute : j'en ai reçu une dans la bouche !
- C'était bon ?" demande une voix.
Notre prof de dessin est très sympa ; un jour, elle s'approche d'un élève, et voyant son mélange de couleurs elle s'écrie : "Mais c'est dégueulasse !"
Moudenc répond sur un ton indigné : "OOOh ! Madame ! Qu'est-ce que j'ai entendu ? C'est très mal poli, ça ! Je ne vous aurai jamais cru capable de dire des gros mots ; il ne faut pas recommencer, hein madame ? ça m'a choqué, ça m'a traumatisé !"
Chahut en Allemand.
La prof s'écrie : "Il faudrait bien vous donner des fessées !
- Oh oui, répond Jourdain, et déculottées !
puis, se tournant vers nous il ajoute :
- Comme ça, on pourra lui péter au nez !"
DECEMBRE
Madame la Directrice vient nous lire sa dernière circulaire : A l'occasion des fêtes de Noël, j'interdis de passer des disques et de danser.
Brisset ose faire remarquer : "Mais Madame, on a toujours fait comme ça !
- Et bien maintenant, il y a une nouvelle Directrice, un nouveau règlement, et ça change !"
L'approche de Noël commence à se faire sentir ; on ne fait plus d'interro d'Anglais, seulement des mots croisés. Sauf ceux du fond de la classe (Kéké et Tata) qui jouent inlassablement avec leur balle de tennis.
Discrètement, Decand allume des allumettes en essayant de dissiper la fumée qui sort de son casier...
Au tableau, la prof de techno vient d'écrire "un tyau"
Kéravec le remarque et lui demande malicieusement : "Madame, c'est quoi un tyau ?"
Veille des vacances de Noël : malgré la circulaire de la Directrice, on prend l'électrophone et on écoute des disques toute la matinée. Les 3ème B sont avec nous ; on joue aux cartes, au ping pong , ou bien on discute.
Tout se déroule dans le calme.
L'après-midi, la prof de sciences arrive avec l'appareil de projection : elle veut nous faire passer des diapositives. Elle envoie Decand demander la permission de mettre un disque en sourdine ; permission du surveillant général accordée.
La prof installe donc l'appareil, mais elle n'arrive pas à nous rassembler tous... dehors, des garçons jouent au handball, quelques gars se poursuivent, d'autres jouent au foot dans la classe ; il faut arrêter le disque qui saute à chaque instant.
La prof de science va commencer la projection ; elle nous prévient que la Directrice rôde dans les couloirs et qu'il faut se calmer.
Trop tard ! Alertée par le vacarme, la Directrice pénètre dans notre classe.
Les gars n'ont pas le temps de cacher le ballon ni de retenir une table qui achève de s'écrouler dans un fracas assourdissant.
Elle entre dans la salle d'à côté, la salle de sciences ; tous les gars qui jouaient dehors se dépêchent de revenir...
Nous sommes enfin tous présents et la Directrice donne libre cours à sa colère. La prof tente d'intervenir : "J'avais l'intention de passer des diapositives et...
-MADAME, coupe la Directrice, vous savez bien qu'il n'y a rien à faire avec eux, ils sont insupportables. Rangez cet appareil et donnez-leur un travail écrit."
même jour :
Le prof de Français nous autorise à jouer aux cartes, mais à la fin de l'heure, on doit tout ranger car nous avons mathématique, et ça nous étonnerait que Boubou nous laisse jouer !
En effet, Boudjéna commence à faire son cours normalement : au bout de 45 mn, il aperçoit un jeu de tarot sur la table de Jourdain et lui demande : "Qu'est-ce que c'est que ça ? Vous jouez aux cartes en classe maintenant ?
- Non m'sieur, c'était tout à l'heure, en Français, on pouvait jouer aux cartes.
- AH OUI ? crie Boubou, mais vous savez, moi j'aimerais mieux que vous jouiez aux cartes ! Ce serait moins fatigant pour moi que d'expliquer un exercice..."
On se regarde, étonnés, il n'y a pas de quoi se mettre en colère.
Carméla risque : "Mais monsieur, on n'a rien dit !"
Boudjéna repose sa craie, va s'asseoir sur une chaise au fond de la classe, regarde sa montre et dit :
"Et bien allez-y ! jouez aux cartes ! Il vous reste un quart d'heure..."
On n'ose pas y croire et personne ne bouge.
"Mais oui, allez-y puisque je vous donne la permission !"
Peu à peu, les jeux de cartes sortent des casiers et on se met à jouer, surveillés par le regard noir du prof...
Pour nous occuper, Boubou nous a donné plein d'exercices de maths....
JANVIER
A la rentrée, la foire reprend... En attendant la prof d'Allemand, c'est la pagaille dans la classe. Moudenc et Margot se battent et se retrouvent tous les deux par terre.
Soudain, la porte de communication avec l'autre classe s'ouvre, et le barbu apparait. Il hurle : "ENCORE LES 3ème ? Qu'est-ce que c'est que ce bordel que vous foutez-là ? Attendez votre professeur en silence. Si j'entends du bruit, je vous colle TOUS, sans exception !"
Quand la prof d'Allemand est arrivée, elle s'est étonnée de nous trouver aussi sages ! Elle nous a même demandé ce qui se passait et si on n'était pas malades !
Moudenc est en pleine discussion avec la prof d'Anglais au sujet des huîtres.
"Hein madame, c'est pas bon les huîtres, on dirait de la morve !"
Un après-midi, en arrivant, on s'aperçoit que la vitre de la porte de notre classe est brisée.
Il paraît que c'est un grand garçons, pendant la cantine, qui aurait donné un coup de pied.
De l'intérieur, un gars fait tomber les morceaux qui restaient accrochés. Le bruit de verre brisé attire le barbu qui voit le désastre. Inutile de décrire sa colère en voyant que nous étions encore les fameuses 3ème A.
Pendant la gym, la Directrice vient dans le préau et demande Brisset, Dermarkarian et Kéravec. Elle commence à les interroger sur leur emploi du temps pendant la cantine d'hier midi. Puis elle demande :
"Vous ne voyez pas où veux en venir ?
- Non
- Non qui ? Non mon chien ?
- Non Madame.
- Qui a cassé le carreau ?"
Silence complet ; la Directrice nous regarde, mais on se défend avec vigueur : "C'est pas nous, Madame."
"Bien sûr, c'est jamais vous ! C'est pas vous qui jouez au ping-pong dans les classes pendant la cantine ? Ni vous qui vous baladez dans les couloirs ?
- Si, mais celui qui a cassé le carreau, c'est à côté, dans l'autre 3ème
- Et c'est qui ?
- On va pas le dénoncer..."
La Directrice crie de plus belle :"De toutes façons, je finirai bien par le savoir, même si vous ne voulez pas me le dire..."
...
Peu après, un vitrier arrive avec deux carreaux sous le bras ; la Directrice l'arrête au passage et lui dit en désignant notre porte : "Surtout, ne vous pressez pas de remplacer ce carreau-là. Ce n'est pas urgent ; ils auront froid, mais tant pis. C'est bien fait pour eux..."
Le lendemain, lorsqu'on arrive en classe, il n'y a toujours pas de carreau à la porte et il fait plutôt froid. On garde nos manteaux.
A la récréation, le grand frère de Brisset s'est dénoncé et le carreau a été remis le soir même, pendant le cours d'Anglais. L'ouvrier faisait beaucoup de bruit avec son marteau que l'on ne pouvait pas entendre la prof. Enfin, lorsque le vacarme a cessé, quelques gars se sont exclamés : "encore ! encore !"
Pendant une interro d'Allemand, la prof tenait dans ses mains une tombe en papier trouvée sur son bureau et la regardait dans tous les sens.
Moudenc lève la tête et s'écrie : "Madame, c'est la mienne ! Elle est belle, hein ?"
Comme chaque vendredi après-midi, le cours d'Anglais s'annonce bien : en attendant la prof, les gars sortent dans les couloirs, d'autres se poursuivent en faisant tomber les tables et, lorsque la prof est en vue, on se précipite tous à notre place en poussant des cris stridents. Calmement, la prof referme la porte et dit : "Levez-vous, mains sur la tête !"On éclate de rire, on n'est plus des bébés ! Mais la prof ne plaisante pas, il faut se mettre debout. Les garçons s'empressent de mettre leurs mains sur la tête des copains en disant : "Vous n'avez pas dit de mettre NOS mains sur NOTRE tête !"
Puis la prof nous distribue des feuilles pour le conservatoire de musique ; aussitôt, des avions en papier se mettent à voler dans tous les sens. Puis Chauvin fabrique un bel entonnoir avec une fleur en papier piquée à son sommet. Il le pose sur la tête d'un copain.
La prof s'écrie : "Allez donc porter ce magnifique vase..." (éclat de rire, on précise à la prof quece n'est pas un vase mais un entonnoir)
"Je disais donc, allez porter cet objet au bureau de Mme la Directrice, et je veux le voir posé à son bureau à la sortie..."
Après avoir rendu des interros sur les quotients, Boudjéna explique à un élève qu'il existe des fractions qu'on ne peut pas simplifier, comme par exemple 133/21
Dans le fond de la classe, on entend crier Kéravec : "SI M'SIEUR ! En divisant par 7 !"
- Mais non, répond le prof, on ne peut pas. 21 divisé par 7 ça fait bien 3, mais 133 ne se divise pas par 7 ! Vous voyez bien que 133 n'est pas un multiple de 7...
- Si m'sieur ! insiste Kéké
Le prof hausse les épaules et continue la correction de l'interro.
Brisset lève le doigt
"Oui ?" fait Boubou
"ça marche 133 divisé par 7 ça fait 19 !"
"Ah oui ? Voyons cela."
Le prof fait la division au tableau, et devant nos sourires amusés, il trouve bien 19. On se demande comment il va s'en tirer ;
Boubou se retourne vers nous : "Et bien oui, bien sûr ! Mais si c'était 137 au lieu de 133, ça ne marcherait pas !"
Dès le début du cours d'Anglais, la Directrice est venue nous faire la morale encore une fois. Elle nous a parlé des examens de fin d'année, de notre orientation ; elle a précisé qu'un magnétophone venait d'être acheté et que la coopérative ne servait pas à engraisser les profs. Tout le monde s'est mis à rire en regardant charitablement Chauvin, l'auteur de cette petite phrase. Enfin bref, il faut qu'on se tienne tranquille.
Quand la Directrice s'en va, il ne reste plus que 5 minutes de cours ; que faire en si peu de temps ? Les gars décident alors de fabriquer chacun un entonnoir en papier ; on entend partout des "...passe-moi les ciseaux... t'as pas de la colle ?... vite, la colle... "
Très vite, les têtes se retrouvent coiffées d'entonnoirs très variés. Celui de Chauvin est magnifique, bien gros, avec une belle fleur au sommet.
Nous guettons la prof d'Allemand par la fenêtre ; elle arrive enfin. Nous sommes si excités que nous faisons un raffut terrible.
La prof nous fait dire par une élève qu'elle ne rentrera que lorsque nous serons calmés.
On s'assoit tous aussitôt en silence.
La prof entre, étonnée d'une telle obéissance. Elle ne peut s'empêcher de sourire en nous voyant tous avec un entonnoir fleuri sur la tête. Calmement, elle passe dans les rangs, ramasse les objets un par un en complimentant leurs auteurs pour leurs dons artistiques.
Elle retourne à son bureau en oubliant de prendre celui de Moudenc. Vexé, il se lève, et dans un fou rire général, apporte son entonnoir à la prof : un affreux petit entonnoir tout ridicule, tout tordu avec une fleur qui pendouille misérablement. Moudenc précise : "Vous savez, madame, les plus petits sont toujours les meilleurs..."
Nous attendons sagement la prof d'Allemand depuis 10 minutes ; la classe est bien calme : la plupart des gars sont accoudés aux fenêtres et regardent dans la cour en bavardant entre eux.
En me retournant, j'aperçois le barbu qui nous observe en silence, debout à la porte entre les deux classes ; personne ne l'a remarqué.
Juste à ce moment, Brisset s'exclame : "Qu'est-ce qu'on serait contents si la prof avait eu un accident !"
J'appelle Brisset et lui montre le barbu, toujours impassible. Tous les gars se retournent et quittent immédiatement leur poste d'observation. Un silence pesant s'établit.
Le barbu élève enfin la voix et demande en désignant Brisset : "Comment tu t'appelles, toi ?
- Moi , Brisset, pourquoi ?
- Bisset ? bon, ne discute pas et viens par ici, Bisset !"
Il l'emmène avec lui dans la salle voisine. Quelques minutes plus tard, il en ressort avec deux heures de colle.
Au tableau, on peut voir deux entonnoirs en papier épinglés, avec cette inscription au-dessus : JOURNEE NATIONALE DES FOUS. A VOT' BON COEUR M'sieurs dames !
lundi 28 janvier
La grosse colère de Boudjéna
Le prof arrive dans notre classe, le visage crispé, des veines rouges lui sortent du cou, ses traits sont tendus, c'est mauvais signe tout cela.
Et il commence à crier :
"ça fait 10 ans, vous m'entendez ? 10 ans..." On se regarde, ahuris, on ne comprend pas
"10 ans que je suis à Bagneux, 10 ans que j'enseigne les maths ; il y a même des anciens élèves qui viennent me remercier. VOUS ENTENDEZ ? Me remercier. Moi, mon seul but est de vous apprendre les maths, et je m'aperçois que dans cette classe, il y a des bruits qui courent, et je n'aime pas ça, mais pas ça du tout !"
Alors là, on comprend : à force de voir Boubou souvent en compagnie de notre jolie prof d'Allemand, les garçons s'amusaient à faire de petites remarques, des plaisanteries un peu douteuses ; et depuis que la prof est enceinte, les réflexions vont bon train...
Boubou poursuit : "Dans cette classe, je vois qu'il y a des esprits pervers, des langues de vipères... Je ne vous rapporterai pas les bruits ignobles qui courent, vous devez être au courant. En plus, certains d'entre vous les répètent aux professeurs et je viens moi-même d'être averti par madame la Directrice. Je connais Madame Shakoury depuis 5 ans, Mme Shakoury c'est ma copine, VOUS ENTENDEZ ? MA COPINE ! et si ça ne plait pas à certains, j'en suis désolé... Et si vous vous posez des questions, ainsi que les adultes, car je sais que des parents s'en mêlent, et bien venez me voir, je vous répondrai..."
Pendant son discours, personne ne bouge, on n'ose à peine respirer ; les colères de Boudjéna sont réputées, mais nous n'avons jamais vu notre prof dans cet état. Je me souviens que personnellement j'en tremblais alors que je n'avais rien à me reprocher... Même les habituels petits malins de la classe n'en menaient pas large et se faisaient tous petits.
"...et maintenant, je ne veux plus entendre parler de cette histoire, COMPRIS ? Je ne reviendrai plus là-dessus."
Sur ces mots, il donne un violent coup de poing sur son bureau avec tellement de force que tout le monde sursaute.
Le cours de maths a suivi, plutôt contracté !
Tata a fait tomber une lampe du plafond avec sa balle de tennis, cassée !
On nous distribue une feuille de "renseignements médicale pour l'orientation"
Les parents doivent répondre à des questions concernant leur enfant.
Moudenc, qui lisait la liste des questions, s'exclame tout haut en rigolant : "Est-il propre, maintenant ?" !!
Le temps est orageux, nous sommes assez énervés. Dans la cour, quelques gars ont emprunté la corde à sauter d'une fille et jouent avec, au milieu des huées des autres...
En Anglais, Chauvin a profité d'une seconde d'inattention d'Harribey pour lui retirer sa chaise alors qu'il était penché en avant ; évidemment, lorsqu'il veut se rasseoir, il s'effondre accompagné par un éclat de rire général. Les gars sont pliés de rire, malgré les remontrances de la prof : "ça pourrait être dangereux, le jour où il tombera la tête contre la table !"
Plus tard, pendant le cours de musique, on entend un raffut énorme dans la première rangée, suivi immédiatement par quelques rires idiots : Harribey s'est effondré une seconde fois...
En plein milieu du cours d'Allemand, Mme Shakoury s'arrête et nous dit en rougissant :
"Heu... pour des raisons que vous savez déjà... heu... je serai absente pendant tout le dernier trimestre... Et vous aurez certainement un remplaçant."
Tout le monde a bien compris : la prof est enceinte.
Mais Dermarkarian demande : "Pourquoi, Madame ?"
Un murmure suit cette question indiscrète et une fille se retourne vers lui : "Mais c'est comme ça !"
Dermarkarian se fâche et s'écrie : "On ne veut jamais rien me dire à moi ! J'ai tout de même le droit de savoir pourquoi on n'aura pas Allemand pendant 3 mois !"
La prof rougit de plus belle mais ne répond pas.
Voyant qu'il n'est vraiment pas au courant, on laisse Dermarkarian bouder dans son coin.
A la fin du cours, ses copains lui ont expliqué.
Chauvin n'arrête pas de parler et de faire l'imbécile. Enervée, la prof d'Allemand lui dit :
"BON ! Chauvin, passez dehors, ne discutez pas ; je ne vous accepte plus au cours d'Allemand, DEHORS !"
Chauvin se lève, se dirige vers la porte et marmonne avant de sortir : "Elle me fait chier !"
La prof a entendu et répond aussitôt : "Et bien, je vous ferai moins chier dehors, s'il faut que je parle comme vous !"
On reste abasourdis d'avoir entendu notre jolie prof dire un gros mot...
Le lendemain, à la fin du cours de maths, le surveillant apparaît : "On demande monsieur Chauvin au secrétariat."
Boubou sourit d'un air narquois et nous dit :
"Il n'est vraiment pas malin de se faire remarquer depuis quelques jours ; il pourrait bien se faire renvoyer pendant 2 ou 3 jours, ça le calmerait..."
Il paraît que Chauvin est ressorti du secrétariat blanc comme un linge.
Pendant la première demi-heure du cours d'Anglais, la classe était d'un calme surprenant ; même la rangée des garçons écoutait la prof. Cela devait avoir un rapport avec Chauvin.
Mais peu à peu, le chahut habituel a repris le dessus.
Rodriguez se penche pour parler à sa voisine de devant, Moudenc en profite pour lui retirer sa chaise ; bien entendu, Roro se retrouve par terre.
Après, en musique c'est le défoulement : deux filles ont préparé un exposé sur Chopin, mais comme elles n'arrivent pas à se faire entendre, la prof décide de dicter le résumé. A chaque phrase qu'elle prononce, les gars sortent une plaisanterie ;
"Chopin était Polonais par sa mère et Français par son père..."
Moudenc : "par un copain à son père !"
"Il donna son premier concert à 9 ans..."
Kéravec : "poil aux dents !"
"Qui vient de dire poil aux dents ?, demande la prof "une mauvaise note !"
"...sa liaison avec George Sand durera dix ans..."
Jourdain : "Mais madame, George c'est un homme, non ?"
Moudenc : "Oui, c'était des homosexuels !"
"Chopin a écrit pour le piano..."
Moudenc : "Mais le piano ne savait pas lire !"
"... sa musique a un accent romantique..."
Jourdain : "un accent du midi ?"
Ensuite, la prof tente de nous faire écouter un prélude qui est un exemple de virtuosité au piano.
Jourdain : "Oh, là là, il faisait la course au piano avec George Sand !"
Samedi 9 février
La prof d'Allemand n'a pas accepté Chauvin à son cours.
Après, en Anglais, les gars sont déchaînés : ils prennent les noms de tout le monde et cherchent une rime.
Cela donne : Dermarkarian , poil aux dents
Chauvin, poil aux mains
Margot, poil au dos
Je vous laisse deviner pour Tagliabue...
La prof désigne notre rangée et dit : "Mais quelle bande d'énergumènes par ici !"
et Moudenc lui répond : "M'en parlez pas ma brave dame !"
Enfin, j'ai réussi à faire une cocotte en papier ! C'est ma voisine qui m'a appris.
Du coup tout le monde est gagné par la contagion des cocottes et on se met tous à en fabriquer...
Début d'après-midi, ceux qui sont restés à la cantine reviennent furieux : "Ouais, on veut nous mettre au régime avec du pain sans sel ! C'est pas étonnant que j'aie mal au ventre, c'est le pain sans sel.. etc.
Décidément, les cocottes et autres pliages en papier connaissent un grand succès.
A la fin du cours d'Anglais, Dermarkarian fait voler un très bel avion qui va atterrir sur l'armoire. Il prend une chaise pour le récupérer pendant que la prof se dépêche de sortir de cette classe de fous...
Mardi 26 février
Afin d'avoir plus de place pendant le cours de dessin, nous occupons les deux classes de notre bâtiment préfabriqué.
La prof est de notre côté et quelques élèves (sages) sont dans la salle voisine. On entend la voix de Brisset qui appelle :
"Madame, venez s'il vous plaît !
- Minute ! répond la prof
- MADAAAME ! implore Brisset
- Attendez, j'arrive !
- Madaaaaame, madaaaaaame..."
On commence à en avoir assez surtout qu'il appelle avec une voix plaintive
"Madaaaame !
- Oh, quel poison ! fait la prof
- MADAAAAAME..."
Alors, sur le même ton et avec un bel ensemble, les gars de notre classe répondent :
"TA GUEUEUEUEULE !"
vendredi 1er mars : MIRACLE, il neige !
Dans la cour, les batailles de boules de neige commencent ; les gars en ont même lancé jusque dans la classe !
Il continue à neiger toute la matinée.
L'après-midi, j'arrive à l'école avec une superbe boule géante que j'ai amassée tout le long du chemin. Juste avant de franchir la porte d'entrée, je la prend dans mes bras et pense "C'est pas le moment de tout lâcher !" Et vlan ! Je glisse juste devant la porte et m'étale sur le trottoir, le nez dans ma pauvre boule en miettes...
Peu après, une bataille rangée s'engage entre les deux classes de 3ème.
Dommage, nous devons partir en car pour voir une pièce de théâtre, les femmes savantes de Molière.
Deux élèves apportent l'électrophone pour le cours de musique.
Aussitôt Moudenc se met à crier : "PIGEONS, PIGEONS !" et à roucouler.
Et toute la classe roucoule, roucoule...
Le chef de classe, un bloc-note et un stylo à la main nous demande si on a des réclamations à faire pour le conseil de classe.
"OUI ! répond Moudenc, On voudrait du pain salé à la cantine !"
Sur le mur de notre classe, il reste encore un dernier poster représentant un coureur automobile dans son bolide. A la place de la tête du type, Chauvin a collé une tête de singe découpée dans un prospectus publicitaire...
Samedi 2 mars
Monsieur Dalle, notre prof principal, entre en classe et nous tint à peu près ce langage : "Au dernier conseil de classe, nous avons décidé de tenter une expérience : à partir de lundi, les élèves n'auront plus de classe propre à eux, mais ils devront se déplacer pour aller dans les salles de cours. Les profs ne bougeront plus et cela représente un certain nombres d'avantages qui seraient trop longs à vous expliquer en détails..."
Un murmure désapprobateur accueille cette nouvelle. Le prof se hâte d'ajouter :
"Bien entendu, ce n'est qu'une expérience qui durera jusqu'aux vacances de Pâques, et si madame la Directrice est satisfaite, cette organisation sera adoptée définitivement."
Lundi matin
On se plaint à M. Dalle de cette nouvelle expérience ; celui-ci nous répond, d'un air morose : "Vous encore, vous avez de la chance, vous pouvez vous balader ! Mais quand je pense que je vais rester moisir ici..."
Le lendemain, le cours de dessin, qui se déroule dans la nouvelle salle de dessin, est particulièrement calme.
La prof s'étonne et nous demande :"Qu'est-ce que vous avez aujourd'hui ? Vous êtes complètement à plat !
C'est ce changement de classe qui vous rend mélancolique ?"
On répond mollement : "Ouais, c'est moche..."
Pourtant, peu à peu, on se réveille
Decand est mis à la porte ; on le voit errer dans les couloirs. Au bout d'un moment, il réapparaît à la porte (vitrée) tenant une affiche en papier sur laquelle il a écrit en gros S.O.S.
Plus tard, excédée d'entendre parler Moudenc sans arrêt, la prof lui crie :
"Ohhh, j'en ai assez ! Vous là-bas ! heu... monsieur... heu..., heu... voyons... Moudenc, je crois ?
- Oui, oui, c'est ça, mais pas plus ! c'est juste ce qu'il faut !" répond Moudenc.
Jeudi 7 mars
Cours d'Allemand. Dermarkarian lève le doigt : "Madame, est-ce que je peux changer de place ? Je suis à une toute petite table et je ne peux pas bouger.
- Pour assister à un cours d'Allemand, vous n'avez pas besoin de bouger !
- Ben oui, mais j'ai les jambes coincées, c'est pas marrant ! Vous voyez bien, je ne peux pas remuer !
- Mais oui, Dermarkarian, c'est bien ce que je vous dis, vous n'avez pas besoin de bouger !"
Dans une ancienne classe de 4ème, les gars ont déchiré tous les posters des vedettes qui ne leur plaisaient pas. Apère s'est emparé de la tête de Patrick Juvet et l'a balancée par la fenêtre (qui donne dans la rue). Du coup, d'autres photos ont suivi la même direction...
Musique
"Mais enfin, Kéravec, qu'avez-vous à rigoler comme ça ?
- C'est Rossini, Madame ; vous avez dit que c'était drôle !"
Au milieu du tumulte, un gars de 4ème entre. Aussitôt :
"Hou hou... oh, le bel homme ! T'es libre ce soir ?" Sans compter les sifflements admiratifs qui fusent de partout.
La prof parvient à articuler : "TAISEZ-VOUS ! J'ai une bonne nouvelle pour vous : en raison de l'absence de votre professeur de couture, les filles ne commenceront demain qu'à 9h."
Hurlements des garçons qui criaient, sifflaient et tapaient sur leurs tables.
"ah, fait la prof, ils sont jaloux !"
Moudenc dit à ses copains : "Combien vous pariez que je peux faire dresser mes cheveux sur ma tête ?
- On parie pas... c'est impossible... mon oeil !
- Et sans les toucher, en plus ! Bon, j'u vais : regardez bien !"
Et d'un brusque coup de tête en arrière, il fait soulever sa tignasse, sous le regard ahuri des autres.
Jeudi 21 mars, c'est le printemps !
Cela se voit, on est plutôt énervés. On s'installe dans la salle d'Anglais et la prof remarque qu'il manque des élèves ; on se compte, effectivement, il en manque deux. Kéravec était déjà absent ce matin, mais alors qui est l'autre ?
On se recompte, décidément il en manque bien un !
Soudain on s'écrie : "Il manque Dermarkarian !"
Alors, du fond de la classe, on entend une voix qui dit :"C'est moi que vous cherchez ?"
Et Dermarkarian sort de l'armoire (vide) dans laquelle il s'était caché ! Fou rire complet...
Un peu plus tard, Moudenc dépose soigneusement une punaise sur la chaise de Brisset. Alors que personne n'y faisait plus attention, Brisset se redresse d'un bond en poussant un cri aigu.
Ce soir, vacances de Pâques ; il n'y a pas de véritable cours de musique, les gars discutent entre eux :
"C'est vraiment pas marrant , Rossini !
- ah non alors... le rock Italien !
- et le rock Allemand ? ça doit être bien...
- Non les gars, vous ne connaissez pas le rock Arabe ? demande Moudenc. Il se lève, enroule son écharpe en turban sur sa tête et se met à danser en criant : "Allah, Allah, mon z'ami, Allah !"
Jeudi 4 avril
Isabelle s'aperçoit que Kéké a de l'encre sur l'oreille ; elle s'approche de lui et lui dit : "T'as vu ce que tu as à l'oreille ?"
"Oui, oui, répond Kéké, poisson d'avril "
On éclate de rire. "Mais non ! on te dit que tu as de l'encre, là, sur ton oreille !"
"Oui, j'ai compris ; poisson d'avril..."
Le lendemain, l'encre était toujours là...
Défoulement pendant le cours d'Anglais.
Margot traduit un texte : "Et nous savons..."
"De Marseille !" coupe Moudenc
Un cri en cours de couture : Jocelyne vient d'ouvrir la bouche et on voit qu'elle a la langue, les dents et la bouche toute bleues, comme si elle avait mangé de l'encre. Pendant qu'elle va se nettoyer au bureau de la secrétaire, sa voisine explique :
"C'est Chauvin ! tout à l'heure il m'a donné une pastille Valda et je l'ai donnée à Jocelyne. Je trouvais bien qu'elle avait une drôle de couleur et surtout Chauvin n'a pas l'habitude de nous offrir des bonbons !"
Après avoir signalé cet incident à la Directrice, Jocelyne revient ; elle a réussi à se nettoyer les dents avec du dentifrice chez la gardienne, mais sa langue est restée bleue.
Juste avant le cours suivant, les gars se jettent sur Chauvin, l'immobilisent, lui pincent le nez pour qu'il ouvre la bouche et essaient de lui faire manger une autre pastille à l'encre. Lorsque les gars le relâchent, il a le visage complètement barbouillé ; il part aussi se nettoyer.
Depuis ce jour, Chauvin ne nous a plus jamais proposé de bonbons !
Margot se tourne vers moi et me demande : "Qu'est-ce que ça veut dire, insurrection ?"
Son voisin Moudenc se met à rigoler comme un fou et explique : "c'est parce que je lui ai dit que l'insurrection c'était quand un cuisinier préparait une choucroute et qu'il la flambait !"
Nous sommes rassemblés dans la classe et nous attendons le prof de Français. Carméla prend la corbeille à papier vide et la pose en équilibre sur la porte : normalement elle doit tomber sur la tête du prof ; ce n'est pas grave, il ne dira rien. Au contraire, il nous a déclaré la semaine dernière qu'il aimait bien les blagues, les punaises sur les chaises ne le gênaient pas car il sait maîtriser la douleur, il ne sent rien !
Soudain, la porte s'ouvre, la corbeille à papier s'écroule et va coiffer la tête blonde d'une prof d'histoire qui s'était trompée de classe.
Heureusement, on s'est excusé et on lui a certifié que la corbeille ne lui était pas destinée, elle a rigolé avec nous.
Dernier jour avant les examens du BEPC
Boudjéna nous regarde sévèrement : "Qu'est-ce que c'est que cette histoire que j'apprends là ?"
On se regarde étonnés, pas au courant, nous ! Il continue :
"Il paraît que l'un d'entre vous aurait pris le cartable d'un petit de 11ème et aurait volé..."
On écoute, attentifs à la suite, nous pensons qu'il s'agit un vol important,
"... aurait volé un cahier de 48 pages tout neuf !"
Un immense éclat de rire secoue toute la classe. Le prof poursuit :
"Le petit garçon viendra tout-à-l'heure reconnaître les voleurs parmi vous. Il paraît que l'un d'eux portait un survêtement bleu avec écrit 'TONY' en jaune."
On se tourne vers le seul survêtement de la classe, Rodriguez.
"Tournez-vous un peu Rodriguez", demande le prof.
Il se retourne et une inscription jaune apparaît : T.A.S HANNO
On s'exclame entre deux rires : "C'est pas TONNY !"
A ce moment, on frappe ; la porte s'ouvre, laissant entrer un petit garçon suivi de deux petites filles. Le prof s'étonne :
"Tout ce monde pour un cahier de 48 pages ?"
"Oui, répond le garçon, c'est mes témoins, elles ont vu aussi !"
- Où il était ton cartable ?
- Près des cabinets (rires)
- Ah bon, et qui est le voleur, regarde bien"
Le petit garçon regarde attentivement tout le monde, et soudain, désignant Rodriguez d'un doigt vengeur, s'écrie : "C'EST LUI !"
Boubou a du mal à garder son sérieux :
"Alors, Roro, demande-t-il , qu'avez-vous à dire pour votre défense ?
- Ben c'est vrai, je suis descendu aux cabinets avec Dermarkarian et Chauvin, mais je n'ai pas pris de cahier ! Qu'est-ce que j'en aurai fait ?
- Oui, ils étaient trois !" dit une fillette
et l'autre ajoute : "Y en avait un qui portait un pull bleu."
Les rires redoublent : justement, Dermarkarian a un pull bleu.
"Ce sont eux ?" demande le prof en désignant le trio.
- Oui
- C'est troublant... et tu les as vu prendre ton cahier ?
- Non, fait le petit garçon, je les ai vus aux cabinets, à côté du cartable...
- Ah ! Cela explique tout" Le prof essaie de les persuader d'aller chercher les voleurs ailleurs...
Ils s'en vont, peu convaincus...
Précision : le petit garçon portait de grosses lunettes de myope !!!
fin de l'année...bonnes vacances !
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