La classe de 4ème B - année 1972/1973
La 4ème B
Directeur : M. Reynouard, puis M. Binelli
chefs de classe : Nelly Chamard puis Dominique Lacroix et Alain Lelevier
32 élèves, dont 17 filles (ça va mieux que l'année dernière...)
Quelques changements, bien sûr : Pernin a quitté l'école, d'autres ont déménagé ; mais on se connaît déjà tous de vue et les meilleurs copains se retrouvent : Letourneur, Lelevier, Lemonnier, Moudenc, Margot et bien sûr Kéravec.
PROFESSEURS :
M. Augry (Gérard) : prof principal + Français, Histoire, Géo, instruction civique
M. Boudjéna (Germain) : maths
Melle Ferréol (Marie Henriette) : Anglais
Mme Shakoury : Allemand
M. Toussain : technologie, géologie
Mme Gougeon : musique
Mme Vasseur : couture (pour les filles)
Mme Deray : dessin
M. Butet : Gym, puis M. Sevenou
disposition de la classe : premières places libres, puis en décembre voici les places imposées par Boudjéna :
Septembre :
C'est notre première année d'Allemand, notre premier cours et la toute première question est posée à Lelevier qui se concentre et répond fièrement "YES !"
octobre :
Cours de musique.
Claudine est en train de mâchouiller un chewing-gum. La prof, qui a horreur de ça, lui demande d'aller jeter ce qu'elle mange.
"Je ne mange rien, Madame" , répond Claudine d'un air outré.
"Pourtant, je vous ai vu ; vous avez des tics ?" (rires)
Claudine est vexée : "Je ne sais pas, peut-être, mais en tout cas je ne mange rien.
- Bon, d'accord" fait la prof.
Un peu plus tard, l'assistante médicale entre pour nous faire compléter des fiches.
Claudine est appelée au bureau et ne peut s'empêcher de mâcher. Une fois l'assistante sortie, la prof lui dit : "Cette fois Claudine, je vous ai vu ! Et ne me dites pas que c'est un tic !"
Claudine ne discute pas et va jeter son chewing-gum.
"Vous me copierez cinquante fois je ne dois pas manger de chewing-gum en classe."
Un peu plus tard, la prof regarde fixement Sannier et lui dit :
"SANNIER ! CHEWING-GUM !"
"Non Madame, répond Sannier, je n'ai rien !"
"MAIS OUI, hurle la prof, c'est encore pire ! Je les connais ces petits malins qui font semblant de manger pour avoir ensuite le plaisir de me dire non madame je ne mange rien. Vous me copierez le mot chewing-gum 50 fois !"
Alors, Sannier se lève, se dirige vers la corbeille et jette son chewing-gum !
On éclate de rire.
"Ah ! Et en plus il en mangeait vraiment un ! Et bien ce sera 100 fois de plus pour vous apprendre à vous moquer du monde..."
La prof de couture est une vraie tête de mule : elle tient absolument à nous faire prendre d'envers d'un tissu pour l'endroit, et malgré nos protestations unanimes, elle ne veut pas changer d'avis.
ça, c'est l'endroit du tissu, on le voit bien....
On a décidé que l'on ne tiendrait pas compte de l'avis de la prof, et on le mettra dans le bon sens.
Le prof de français n'est pas encore arrivé, mais nous montons à l'étage pour nous installer dans la classe en l'attendant.
Une rumeur court que Kéravec se serait cassé une dent en tombant à la suite d'une bagarre.
Soudain, on entend un hurlement au fond de la classe : c'est Kéké qui vient de se jeter sur Lelevier qui s'était moqué de lui...
Le combat est inégal : Kéké deux ans d'avance, de petite taille et Lelevier, deux ans de retard, très grand et mince...
On sent que Kéké est au bord de la crise de nerfs, il donne un coup de poing à Lelevier qui, à son tour, le projette par terre. Kéké devient tout rouge, se relève et se jette de toutes ses forces sur Lelevier. Ce dernier attrape Kéké par le cou et commence à l'étrangler.
Kéké hurle tant qu'il peut ; on conseille à Lelevier d'arrêter un peu. A ce moment, Kéké pousse un cri rauque, affreux, agonisant. Inquiet, Lelevier lâche Kéké qui reprend aussitôt de la vigueur ! Ils continuent à se battre malgré leurs copains qui tentent de les calmer.
Le prof arrive enfin et le combat s'arrête.
Mais au moment où Lelevier retourne calmement à sa place, Kéké lui crache dans le dos !
Furieux et vexé, Lelevier se retourne d'un bond, frappe Kéké et l'envoie contre le mur où sa tête rebondit...
Cette fois, vaincu, Kéké s'en va pleurer sur sa table.
A la sortie du cours de couture, quelques filles partent en délégation au bureau du Directeur avec un échantillon du fameux tissu qui fait polémique. La surveillante générale est tout à fait de notre avis.
Donc, au cours suivant, on guette la prof.
Enfin, elle explique à Patricia comment placer le tissu sur le patron. Patricia lui dit : "Non Madame, là c'est l'envers !"
"Ah NON, hurle la prof, vous n'allez pas recommencer avec cette histoire. Moi, je vous dit que ça, c'est l'endroit. Je suis prof de couture tout de même, vous n'allez pas m'apprendre mon métier. LA, C'EST L'ENDROIT !"
Nelly répond calmement : "En tout cas, Madame Duprat, elle a dit que c'était l'envers !"
La prof s'arrête net : "Qui ça ?
- La surveillante générale en personne, hé oui !
- Ah bon ?" La prof hésite un instant puis s'écrie :
"Et bien retournez-le, ce tissu. Et puis je ne veux plus entendre parler de cette histoire, vous m'entendez ?"
Nous sommes ravies de lui avoir cloué le bec.
Un peu plus tard, on entend un énorme gargouillis d'eau. Comme la salle de couture est située juste au-dessus d'un poste de police (qui lui, donne dans la rue), la prof explique : " J'ai appris ce matin que c'était la chasse d'eau des flics !
- Des agents de police, Madame", rectifie Nelly
La prof la regarde, interloquée
"Oui, oui, des flics, des agents de police, c'est la même chose.
- Pas tout à fait, réplique Nelly, c'est plus poli !"
Notre Directeur est parti à la retraite et est remplacé par un plus jeune ; dommage, tout le monde l'aimait bien.
La prof de musique attend un enfant ; plus de cours de musique jusqu'à la fin de l'année ; dommage, on s'amusait bien !
JANVIER :
En couture/travaux manuels, nous fabriquons une boite range-disques en carton. La prof explique : "...puis, nous mettrons la boite qui contiendra les disques... heu... les disques 33 tours, je crois ? Les petits disques, c'est bien les 33 tours ?
- Non, Madame, c'est les 45 tours.
- Ah bon ! Donc les 33 c'est les grands et les 45, les petits. Merci !"
Voici nos boîtes à disques (qui me servent à ranger d'autres choses... La petite rouge, la grosse bleue.
FEVRIER :
Nous sommes tous rassemblés autour de la grande table de sciences pour examiner des échantillons de roche.
Un gars de 3ème rentre et nous demande : "Vous n'auriez pas trouvé un grand classeur noir, par hasard ?"
Moudenc se redresse et répond d'une voix mielleuse : "Non, non mon enfant... nous n'avons pas trouvé de classeur noir ici... mais Dieu vous le rendra !"
L'autre s'en va, l'air ahuri...
Pendant le cours de dessin, c'est le chahut et la prof laisse faire. La dernière fois, Lelevier est sorti pour aller voler un morceau de pain à la cantine puis s'est installé sur les marches dans l'escalier pour le manger...
MARS :
Ce matin, juste en arrivant nous avons interrogation écrite de maths.
Tout le monde est là, sauf Dominique et Alain chargés de collecter l'argent de la cantine dans le préau.
Nous travaillons depuis 10 minutes déjà lorsque Boudjéna s'écrie : "Mais il y a des absents, ici ?
- Oui M'sieur, il manque Lelevier et Dominique ; ils font la cantine.
- QUOI ? COMMENT ? crie le prof , ils font la cantine ?
- Ben oui M'sieur."
Boubou attrape le premier élève sous sa main, soir Dissoubray, le secoue comme un prunier et lui crie : "VOUS ! Allez, allez me les chercher, tous les deux, et dites-leur de venir IMMEDIATEMENT ! allez, vite FILEZ !"
Dissoubray fonce dans le couloir puis revient presque aussitôt en disant : "Les voilà"
Les deux "coupables" arrivent un peu décontractés... Boubou les prend par le bras et hurle : "Où étiez-vous ? Vous avez vu l'heure ? Bien sûr vous n'avez pas de billet de retard ? REPONDEZ !
- heu non, mais Monsieur le Directeur est au courant.
- Et bien allez le voir votre Directeur, et dites-lui que je ne veux plus vous voir, SORTEZ !"
Ils sortent.
Peu après ils reviennent portant un mot du nouveau Directeur. Boubou le lit puis crie : "Ce n'est pas une excuse, gardez-le votre mot ! Allez vous asseoir, il vous reste exactement 3 minutes pour faire l'interro. AU TRAVAIL !"
Aujourd'hui, alerte à la bombe, ce qui nous a permis de sortir une demi-heure plus tôt. La police est dans l'école et fouille partout. Résultat : fausse alerte.
Journée orageuse : Boudjéna pique une colère contre Sannier qui a raté une page de géométrie ; Boubou hurle, déchire la page et lui jette à la figure...
Peu après, le prof remarque que Letourneur a oublié ses affaires de maths. Boubou hurle encore : "Passez à la porte, SORTEZ !"
A ce moment, dans la classe voisine, on entend la voix de la prof d'Anglais crier : "JANOLI, j'en ai marre de toi, passe à la porte !"
En allemand, Decand a roté un grand coup !
Pendant le cours d'anglais, Brisset et Decand avaient apporté leurs magnétophones pour enregistrer la prof en train de crier avec sa voix aiguë.
A un moment donné, la prof commence à s'énerver et à hurler contre nous. On se retourne discrètement vers Decand pour lui rappeler que c'est le moment d'enregistrer car il est toujours un peu dans la lune.
Malheureusement, il va trop vite et se trompe de bouton ; le magnéto émet un sifflement strident "pwiiittt..."
Decand a été obligé de le ranger.
note de l'auteur : nous avions déjà cette prof d'Anglais en classe de 6ème, dans notre école de fille ; nous la craignions un peu, elle avait un aspect plutôt revêche avec son chignon gris de vieille fille, ses poils au menton, ses vêtements vieux et tristes. Nous avons été très surpris de la retrouver ici, manquant totalement d'autorité avec les garçons qui faisaient exprès de la pousser à bout au point de la faire pleurer. Ce n'est que bien plus tard, étant enseignante à mon tour, que j'ai regretté notre attitude. Lorsqu'on est jeune on ne se rend pas compte de l'impact que l'on peut avoir sur un caractère de prof. Pauvre mademoiselle Ferréol..., pardon.
Nous avons une stagiaire très sympa en français.
Sannier a toujours les doigts plein d'encre et s'en était mis près des yeux. En plein cours, la stagiaire s'interrompt soudain et fixe Sannier : "Ma parole ! Tu te maquilles, toi ?"
On le regarde, et tout le monde éclate de rire.
Boudjéna nous garde en étude pendant une heure et nous ordonne de travailler.
Au bout de quelques minutes, Kéravec s'amuse tout seul avec ses affaires (règle, gomme, crayons). Le prof s'en rend compte, le tire par les oreilles et l'isole à une table au fond de la classe.
Pour bien nous occuper, Boubou nous donne un exercice de maths. Kéké refuse de le faire. Le prof revient et se met en colère. Il reprend Kéké par les oreilles, et le secoue dans tous les sens. Kéké hurle, Boudjéna crie : "COMMENCEZ VOTRE EXERCICE IMMEDIATEMENT !
- NON, j'le ferai pas !
- COMMENT ? Je vais dire à votre père de venir me voir, on va discuter avec lui.
- Ouais ! Vous pouvez toujours ; il va venir, mon père, et vous allez voir ce qu'il va vous dire, mon père !"
En disant ces mots, Kéké se met à donner de grands coups de pieds dans le prof.
"Si vous voulez jouer au plus fort, fait le prof, passons dans la classe à côté."
Boubou entraîne Kéké dans la salle voisine, vide heureusement. On se lève et on se presse à la porte pour mieux voir...
Kéké gigote pour essayer de se dégager du prof et Boubou essaie de calmer Kéké. Kéké veut frapper le prof, mais il rate son coup et son poing vient frapper violemment contre la table ! Finalement, le prof est le plus fort, Kéké cesse de se battre et se met à pleurer...
En couture, Patricia bavarde avec ses copines : "...il aura de mes nouvelles, ça c'est sûr..."
La prof lève le nez : "Qui ça, Mademoiselle, aura de vos nouvelles ? Votre petit copain ?
- ça vous regarde pas !" réplique Patricia.
Un garçon cherche à placer un petit chaton et demande à Boudjéna s'il est intéressé. Comme nous sommes en plein cours, le prof répond vaguement : "Comment il est votre chat ? il faudrait me l'apporter..."
Le lendemain, Brisset arrive à l'école avec le chaton dans la sacoche de son vélo !
Grosse blague : en classe circule une feuille de cahier pliée en huit ; dessus, on peut lire : APPUYEZ ICI ! et une flèche indique l'endroit précis.
Lorsqu'on déplie la feuille, à l'endroit où l'on a appuyé, on trouve une grosse mouche écrasée avec cette phrase : "A ma belle-mère chérie !"
Au mur de notre classe, parmi les affiches de moto, voitures, sport, etc., il y a la photo d'un gros bébé tout joufflu. Un jour, vers la fin de l'année, Moudenc s'approche de la photo, la regarde bien et dit : "Quelle tête de plouc, ce mec là !" Et il lui crache dessus !
7 JUIN 1973 : les épreuves du certificat d'études commencent.
12 juin, excursion en forêt de Fontainebleau, de 9 h à 16h 30. Pique-nique le midi.
26 juin : on ne fait plus rien à l'école depuis le 25 mai !
Ce matin, Savaète s'est fait voler 70 francs dans sa mallette.
29 juin : On organise un goûter de fin d'année l'après-midi.
Joëlle, Martine et moi avions apporté 6 litres de soda et 1 kg de gâteaux. Martine avait amené son transistor. On était une vingtaine dans notre classe, et pas le moindre prof.
30 juin : la distribution des prix
Cette année, plus d'estrade (nouveau Directeur...) ; chaque prof principal lisait le palmarès de sa classe.
Pour Toussaint, on a tous crié "Hourra !", pour Boudjéna aussi.
Pour Ferréol, il y a eu quelques : "Houououou....!"
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